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Le « Haka », cri de combat

vendredi 16 janvier 2009

À l’heure du professionnalisme, un rituel ancestral venu des îles du Pacifique continue d’enthousiasmer la foule des stades de rugby. Les « hakas » perpétuent une tradition plus que centenaire. Tonguiens, Samoans et Fidjiens, îliens du Sud, ont le leur, mais un seul de ces chants fait véritablement partie de l’imagerie populaire : le « haka » néo-zélandais, ou « Ka mate ». Qui a vu le visage des All Blacks s’assombrir un peu plus au moment du chant sait quelle influence il peut avoir sur le moral des troupes et sur celui de l’adversaire… Mais tous ne se laissent pas impressionner. On ne compte plus les équipes qui sont allés défier les Néo-Zélandais en plein rite et on a encore en mémoire le mémorable face-à-face des « hakas » néo-zélandais et tonguiens, lors de leur affrontement au premier tour de la Coupe du monde 1999, que l’arbitre dut interrompre tant l’ambiance était électrique. « Ka mate » - chant et danse mêlant discipline et spontanéité -, que les Maoris, un peuple guerrier de Polynésie, exécutaient avant de combattre, n’a, à l’origine, rien de belliqueux. Aux alentours de 1820, Te Rauparaha, un chef de la tribu des Ngati Toa, voulant échapper à une tribu rivale, demande protection au chef de Kumara, un village voisin du sien. Celui-ci accepte et cache le fuyard dans une fosse. Te Raupahara aurait alors crié : « Ka mate ! Ka mate ! » (« Je meurs ! Je meurs ! ») pour exprimer sa peur d’être repéré, puis « Ka ora ! Ka ora ! » (« Je vis ! Je vis ! ») une fois le danger écarté. Le rite, célébrant la mort et la résurrection, s’est perpétué. Quand on le célèbre, « le corps entier doit parler », affirme Henare Teowai, un maître reconnu du genre. Alan Armstrong, dans son ouvrage « Jeux maoris et haka », précise : « Le haka est une composition jouée par plusieurs instruments : les mains, les pieds, les jambes, le corps, la voix, la langue et les yeux. » Le saut final serait un ajout venu du « peruperu », un autre haka à consonance plus guerrière, en général réalisé avec des armes. C’est en 1905, lors de la première tournée qui a marqué l’histoire du rugby, que les joueurs néo-zélandais mènent leur premier « Ka mate ». Ceux qu’on appelle les « Incomparables » frappent les esprits et gagnent, en même temps que leurs lettres de noblesse, un surnom qui va les suivre : les « All Blacks ». Mais ce n’est qu’en 1987, pour la première édition de la Coupe du monde, que les Néo-Zélandais entonnent le « Ka mate » sur leur propre sol. Auparavant, seuls les spectateurs des tournées avaient eu le plaisir d’admirer le rituel. Taine Randell, capitaine des All Blacks pour la quatrième Coupe du monde, maori et à ce titre meneur du haka, confirme le caractère rassembleur du rite : « L’important est de lire la fierté et la détermination dans les yeux de mes partenaires. La peur de mes adversaires m’importent peu. »

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