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Menditte, le rugby des foins

vendredi 13 février 2009

Menditte, 187 habitants. Le plus petit village de France abritant une équipe de rugby. C’est là, au-dessus de Mauléon, dans la montagne des confins de la Soule, cette province basque proche du Béarn, qui lui vaut d’être rattaché à ce Comité, qu’il y a 28 ans, quatre jeunes décident de monter une équipe de rugby. « Un coup de folie ! » dit aujourd’hui Jean-Baptiste Hastoy, le président qui faisait partie du quarteron. Il avait fallu, en effet, convertir bien des jeunes du village et des alentours à ce sport éloigné des traditions et des habitudes de l’époque. Et le terrain ! Il n’y en avait aucun de disponible et de suffisamment plat dans cette région montagneuse. Enfin si, tout juste un. Il appartenait à l’ancien maire, Jean Arabarco, un agriculteur. Sans beaucoup de traditions, les quatre jeunes obtinrent de pouvoir le louer. Rien que pour la saison de rugby. Il en va toujours ainsi encore aujourd’hui. Le loyer s’élève à 3000 francs. Pas vraiment cher. Et le bail est reconduit ainsi depuis plus d’un quart de siècle. Jean Arabarco, 86 ans, est devenu, c’est vrai, le premier supporteur du club, ce qui facilite quand même les choses. Alors, dès que la saison de rugby est terminée, commence celle des foins. Les rugbymen laissent pousser l’herbe, qui sera ensuite fauchée et donnée en fourrage aux bêtes. Même scénario à la fin de l’été pour les regains. Ainsi, le stade de Menditte vit ses deux époques bien distinctes dans l’année. Tout serait si simple, si le ciel n’était pas si capricieux ! Car ce n’est pas qu’une seule fois que le début de saison de l’Union Sportive de Menditte a été contrarié par le mauvais temps. Bien souvent, on a vu les rugbymen le nez en l’air, scruter le ciel, en attente du soleil qui, seul, permet de couper l’herbe haute. « Il arrive très souvent que la reprise des entraînements soit agitée », dit Jean-Baptiste Hastoy. « Là, il faut trouver la parade. On va alors s’installer chez un autre paysan. » …A condition que l’herbe soit fauchée, encore une fois. L’habitude de se débrouiller ne date pas d’aujourd’hui. Lors de la première saison, alors que les vestiaires n’étaient pas encore finis, les dirigeants avaient apporté de grandes bassines d’eau. Joueurs de Menditte et adversaires de Laruns avaient ainsi fait leurs ablutions au bord du terrain, dans la bonne humeur. Malgré ce petit retard, les Basques ont toujours été dans le bain. Il ne manque rien dans ce petit stade qui mérite plus que tout autre le qualificatif de champêtre. Les vestiaires ont donc été construits même s’ils l’ont été… à un petit kilomètre du terrain. Il y a des avantages – on peut commencer l’échauffement en s’y rendant – et des inconvénients – il ne faut rien oublier. Des tribunes, démontables (on ne sait jamais, un déménagement est si vite arrivé), ont été érigées voici trois ans. Un terrain d’entraînement a été aménagé, avec l’éclairage, s’il vous plaît. « On est pourtant loin de tout, isolés, à 500 mètres de la dernière maison du village », poursuit Jean-Baptiste Hastoy. « Mais notre installation électrique, qui avait été mise en place de façon pirate par un gars de chez nous qui travaillait à l’Électricité de France, est aujourd’hui légale. » Un éclairage qui avait été installé non sans mal et qui laissera des traces à jamais dans les mémoires. Au moment où les pylônes avaient été scellés à la verticale, les projecteurs boulonnés et soudés, le chef d’œuvre avait inondé de lumière… les champs de maïs de la plaine. Mais le terrain n’est pas resté dans l’ombre longtemps. Les Souletins sont valeureux et le terrain annexe se montre bien utile aux enfants du village et aux… 42 inscrits de l’école de rugby. Même si les clubs de la banlieue de Pau, habitués à évoluer sur des moquettes, se montrent surpris de l’herbe basque, les joueurs de Menditte, eux, la trouvent bien tendre et auront bien du mal à la quitter. La municipalité vient, en effet, de leur proposer un nouvel emplacement. Tout évolue, même dans le plus petit club de France.

Edmond Lataillade

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